Québec fait part de son intention de réduire les taux de cotisation au Régime québécois d’assurance parentale en 2016

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 Ils s’établiraient à 0,548 % pour les salariées et salariés, à 0,767 % pour les employeurs et à 0,973 % pour les travailleuses et travailleurs autonomes (lire le communiqué). Cette annonce contredit la déclaration du premier ministre Philippe Couillard en novembre 2014, alors qu’il annonçait la hausse des tarifs de garde. Il promettait alors que « le Régime québécois d’assurance parentale ainsi que le Soutien aux enfants [demeureraient] dans leur forme actuelle » (lire le communiqué).

Cette baisse du taux de cotisation représenterait une économie annuelle de 42 millions de dollars pour les entreprises (19 millions), les salariés (17 millions), les travailleurs autonomes (2 millions) et pour le gouvernement (4 millions), a déclaré le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, M. Sam Hamad. Ce sont donc 42 millions de dollars en moins pour le RQAP, alors qu’il s’agit d’un régime favorisant l’égalité entre les sexes ainsi que le bien-être des enfants. 

En effet, le RQAP contribue aux changements de mentalité relativement à la responsabilité des hommes envers les soins des enfants. En incitant les pères à prendre des congés de paternité, le programme contribue à diminuer le phénomène de la discrimination en embauche envers les jeunes femmes sur le marché du travail de la part d’employeurs craignant qu’elles s’absentent longtemps à la suite d’une naissance. Le RQAP encourage les hommes à calquer leur parcours professionnel sur celui des femmes, plutôt que le contraire. D’une part, les données administratives démontrent une amélioration notable de la prise du congé parental par les hommes de 2008 à 2012. D’autre part, la création de services de garde à contribution réduite permet à nombre de femmes de conserver leur emploi. Ainsi, le RQAP contribue à l’amenuisement des inégalités de genre, une valeur au coeur des préoccupations des Québécois.

De plus, les études démontrent que le soutien et la stimulation lors des premières années de vie d’un enfant ont un effet profond sur son développement intellectuel et social ; ils ont une incidence sur tous les plans, depuis la réussite scolaire jusqu’à la santé mentale, en passant par le risque de maladie du cœur. La qualité des congés parentaux est donc essentielle pour assurer un bon développement affectif, psychologique et physique chez l’enfant. 

Petite enfance: le Canada doit repenser son approche

Alors que la RQAP risque d’être fragilisée, l’Unicef a publié récemment un classement des 29 pays les plus riches de la planète en fonction du bien-être des enfants. Le Canada figure en 17e position, ce qui le place dans le peloton de queue en ce qui touche certains facteurs comme la pauvreté chez les enfants, le bien-être affectif et la satisfaction de vivre.

Or, la Norvège, la Suède et l’Allemagne – des pays qui affichent des résultats bien supérieurs à ceux du Canada dans le bilan de l’Unicef – offrent notamment des congés parentaux beaucoup plus généreux que les nôtres. Dans ces trois pays, les parents en congé parental reçoivent 85% à 90% de leur salaire annuel, comparativement à 50% au Canada. De plus, les parents qui en ont les moyens peuvent prendre de 150 à 170 semaines de congé pour s’occuper d’un enfant en bas âge (soit plus de trois ans et trois mois), avec la garantie qu’ils pourront récupérer leur emploi à leur retour au travail. Aux Pays-Bas, classés au premier rang dans le bilan de l’Unicef,  les nouveaux parents bénéficient de toute une gamme d’avantages sociaux: services de garde subventionnés; programmes spéciaux pour les familles à risque; services postnataux complets dispensés par des infirmières spécialement formées pour aider les mères à apprivoiser leur nouveau rôle.

Vu d’ici, ces services peuvent nous paraître comme un luxe, voire décadents. Il s’agit toutefois d’une intervention pragmatique, aux résultats avérés, qui vise à prévenir les conséquences coûteuses d’une mauvaise expérience durant la petite enfance, non seulement pour l’enfant et sa famille, mais pour l’ensemble de la société.

De toute évidence, nous pouvons faire mieux. Le temps est venu de tenir une discussion franche sur les orientations de notre pays en matière de développement de la petite enfance: sur ce qui fonctionne, et sur ce qui doit changer.

Lire l’article complet sur le classement de l’UNICEF – Huffington Post Québec

Plus d’informations sur le RQAP : A-t-on les moyens d’amputer le RQAP? – Le Devoir